samedi 12 novembre 2016

Comment Dieu écrit l'histoire

Comment Dieu écrit l’histoire
Résultats de recherche d'images pour « Martin Steffens » 
Martin Steffens

Je suis sur le point de terminer la lecture du livre de Martin Steffens, intitulé « Rien que l’amour, repères pour le martyr qui vient ». Monsieur Steffens a écrit de très belles pages sur la façon dont Dieu écrit l’histoire. La tentation qui nous guette souvent, c’est de penser que la venue de Dieu sur terre en Jésus n’a rien changé ou n’a presque rien changé. Le monde semble tout aussi méchant qu’il y a deux mille ans, sinon pire. Mais cela est dû non pas à la naissance de Dieu en ce monde, mais au fait que les saints ne sont pas assez nombreux sur terre. Dieu est né en ce monde, mais Il doit naître dans les cœurs pour changer le monde. Dieu ne sauvera pas le monde sans la coopération de l’être humain. Si la Vierge Marie n’avait pas dit son « OUI » au plan de Dieu, Jésus n’aurait jamais vu le jour. Je pense qu’il suffirait d’une poignée de saints et de saintes sur chaque continent, pour que le monde change radicalement et pour que tous voient de façon évidente que le règne de Dieu est au milieu de nous. Mais il semble bien que ce rêve ne se réalisera pas et que d’ici à la fin du monde, la parole de Jésus s’avérera: « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : « Voilà, il est ici ! » ou bien « Il est là! » En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17, 20 et 21)

Un événement récent de notre histoire peut nous aider à comprendre comment Dieu écrit l’histoire, comment Dieu opère dans les cœurs. L’élection de M. Donald Trump comme président des Etats-Unis, a pris tout le monde par surprise. Les sondages n’annonçaient pas cela du tout. La raison en est que les sondages se basent sur l’extérieur des choses. Pour qu’un sondage se fasse, les gens doivent répondre à des questions. Il faut que ce qu’il y a dans le cœur des gens, sorte. Mais ce n’est pas toute personne qui a dit ce qu’elle pensait et peut-être même que certaines personnes ont dit le contraire de ce qu’elles pensaient vraiment. Ce qu’il y avait dans le cœur de millions d’Américains, nul ne le savait, sauf Dieu. Et ce « monde caché » a fait irruption dans l’histoire. Cet exemple, boiteux il est vrai, montre cependant qu’il existe une réelle différence entre le monde extérieur et le monde intérieur; entre ce que l’on entend avec nos oreilles ou ce que l’on voit avec nos yeux, et ce qui se passe dans les cœurs.

Voici quelques pages écrites par M. Martin Steffens :

« L’histoire s’écrit d’une étrange façon, à l’envers : ce qui apparaît d’abord comme une défaite est en réalité une victoire, et ce qui meurt, vraiment, franchement, courageusement, porte par-là la vie qui ne meurt pas.

Voyez en effet: la victoire n’est jamais celle qu’on croit. La Seconde Guerrre mondiale: sans Edith Stein, sans Maximilien Kolbe, sans Dietrich Bonhoeffer, sans Etty Hillesum, sans tous ces êtres morts sans témoins, la victoire des alliés n’aurait été rien d’autre que la victoire de la Force sur la Force (le colosse américain, le colosse communiste, contre le colosse de l’Axe). Preuve en est: les communistes libérateurs tueront dix fois plus que le nazisme.    …

Mais alors, qu’est-ce qui autorise qu’on parle ici de victoire? Une chose est requise: que ce soit la main de Dieu qui ait écrit cette histoire.

Or Dieu écrit l’Histoire par le bas, de façon mystique. C’est Edith, Etty, Dietrich, Maximilien, ce sont ceux qui n’ont pas su ce qu’ils faisaient de grand ce sont eux qui nous permettent d’appeler « victoire » la défaite du nazisme, eux qui ont sauvé le monde européen d’un définitif affaissement. Les gazés, les pendus, les réduits en cendres et en poussière, mais dont les cendres sont d’encens la poussière encore une prière. On regarde les étoiles : on trouve des héros, et cela compte. Mais Dieu est dans l’égout. L’icône de ces saint est aujourd’hui priée quand les statues des héros prennent la fiente.

Tout cela, déjà, s’était vu au XIXème siècle: l’Église de France multiplie les erreurs politiques, assommée qu’elle est par la Révolution – mais à Lisieux, une petite femme, anonyme, prie, et souffre, et prie. C’est elle l’âme et l’honneur de son siècle. En province et dans le silence, Dieu prépare la spiritualité des siècles qui suivront.

Peut-être même que Dieu n’écrit pas l’Histoire. Comment le ferait-il sans en faire un destin? S’il l’écrivait, serait-elle encore l’aventure, pleine de bruits et de fureur, de liberté humaine?

Ce que Dieu écrit, c’est à l’intérieur de l’Histoire, sa petite histoire, discrète et la plus grande des deux, cette histoire quasi secrète qui se nomme l’Église.

Depuis le Christ, quelque chose arrive lentement: c’est, à travers les âges, tous ceux qui sont témoins du Christ.   …   C’est, au cœur de l’Histoire, ceux qui répondent à l’appel et transforment l’Histoire en Église.

Ne nous empressons donc pas trop de réussir: l’Histoire véritable a commencé par l’échec de la Croix, dont le succès (la Résurrection) est un non-événement pour l’historien. (1)

(1) Martin Steffens, Rien que l’amour, repères pour le martyre qui vient, Éditions Salvator, Paris, 2015, pp. 75-77.

Résultats de recherche d'images pour « Martin Steffens »






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire