mercredi 27 juillet 2016

Le pape François dénonce la vente d'armes

Le pape François dénonce la vente d’armes


Mon ami Mathieu m’a dit hier au téléphone qu’il a mis sur Facebook un texte du pape François qui condamne la vente d’armes. Mathieu m’a aussi dit qu’il reçoit beaucoup de messages de gens qui sont touchés par les propos du pape sur ce sujet. Il est vrai qu’il est très rare d’entendre un chef d’État (le pape est aussi un chef d’État) se prononcer contre le commerce des armes. Cela se comprend aisément: la plupart des pays les plus riches et les plus industrialisés de la planète, vendent des armes aux pays qui vivent des conflits, dans un but purement économique. Voilà où aboutit la logique des nations qui mettent l’économie au-dessus du bien des personnes.

J’ai donc été voir sur l’internet pour constater par moi-même à quel point le pape a souvent dénoncé les pays qui font le commerce des armes. Étonnamment, il semble que se soit surtout en présence de jeunes que le pape s’est ouvert le cœur sur ce sujet. J’ai écrit « étonnamment », mais de fait, cela ne m’étonne pas car les adultes sont plus portés à l’hypocrisie et à la duperie, que les enfants. Les adultes se forgent toujours de très bonnes raisons pour justifier le mal qu’ils font. Ne dit-on pas que « la vérité sort de la bouche des enfants ». De plus, le présent appartient aux adultes, mais l’avenir appartient aux enfants. Le pape sait très bien qu'en touchant le coeur des enfants, il construit l'avenir. Voici quelques unes des interventions du pape sur ce sujet.

Question, d’un enfant égyptien: « Cher Pape, nous venons de pays pauvres où il y a des guerres. L’école est un bien pour nous; pourquoi les personnes puissantes n’aident-elles pas l’école ? ».

Réponse du pape: Pourquoi les personnes puissantes n’aident-elles pas l’école ? On peut poser la question à un niveau un peu plus large aussi : pourquoi de nombreuses personnes puissantes ne veulent-elles pas la paix ? Parce qu’elles vivent des guerres ! L’industrie des armes, cela est grave ! Les puissants, certains puissants, gagnent de l’argent en fabriquant des armes, et ils vendent les armes à ce pays-là qui est contre celui-ci, et ensuite ils les vendent à celui-ci qui est contre celui-là... C’est l’industrie de la mort ! Et ils gagnent de l’argent. Vous savez, la cupidité nous fait beaucoup de mal, l’envie d’avoir plus, plus, plus d’argent. Quand nous voyons que tout tourne autour de l’argent — le système économique tourne autour de l’argent et pas autour de la personne, de l’homme, de la femme, mais autour de l’argent — on sacrifie beaucoup et on fait la guerre pour défendre l’argent. C’est pourquoi tant de personnes ne veulent pas la paix. On gagne plus avec la guerre! On gagne de l’argent, mais on perd des vies, on perd la culture, on perd l’éducation, on perd tant de choses. C’est pour cela qu’ils ne la veulent pas. Un prêtre âgé que j’ai connu il y a plusieurs années disait cela : le diable entre à travers le portefeuille. Par la cupidité. C’est pour cela qu’ils ne veulent pas la paix! » (1)

Environ un mois plus tard, le pape répondait dans la même ligne à une autre jeune :

« Et merci à toi, Sara, passionnée de théâtre. Merci. « Je pense aux paroles de Jésus: donner la vie ». Nous en avons parlé à présent. « Souvent, nous respirons un sentiment de manque de confiance pour la vie ». Oui, parce qu’il y a des situations qui nous font penser: « Mais, est-ce la peine de vivre ainsi? Que puis-je attendre de cette vie? ». Pensons, dans ce monde, aux guerres. J’ai parfois dit que nous vivons une troisième guerre mondiale, mais par morceaux. Par morceaux : en Europe, il y a la guerre, en Afrique, il y a la guerre, au Moyen-Orient, il y a la guerre, dans d’autres pays, il y a la guerre... Mais comment puis-je avoir confiance dans une telle vie, puis-je avoir confiance dans les responsables du monde? Lorsque je donne mon vote à un candidat, puis-je avoir la certitude qu’il ne conduira pas mon pays à la guerre? Si tu ne te fies qu’aux hommes, tu as perdu! Cela me fait penser à une chose: des gens, des dirigeants, des entrepreneurs qui se disent chrétiens, et qui fabriquent des armes ! Cela me rend un peu méfiant: ils se disent chrétiens! « Non, non père, moi je ne fabrique pas, non, non... Mais j’ai placé mes économies, mes investissements, dans les usines d’armement ». Ah! Et pourquoi? « Parce que les intérêts sont un peu plus élevés... ». Et même le double jeu est monnaie courante aujourd’hui: dire une chose et en faire une autre. L’hypocrisie... Mais voyons ce qui s’est passé au siècle dernier: en 1914, en 1915, précisément. Il y a eu la grande tragédie de l’Arménie. Beaucoup sont morts. Je ne me souviens plus du nombre, plus d’un million certainement. Mais où étaient les grandes puissances alors? Elles regardaient d’un autre côté. Pourquoi? Parce qu’elles étaient intéressées par la guerre, leur guerre! Et ceux qui meurent sont des personnes, des êtres humains de deuxième classe. Puis, dans les années trente-quarante, la tragédie de la Shoah. Les grandes puissances avaient les photographies des lignes ferroviaires qui conduisaient les trains aux camps de concentration, comme Auschwitz, pour tuer les juifs, et aussi les chrétiens, également les roms, les homosexuels, pour les tuer là. Mais, dis-moi, pourquoi ne les ont-ils pas bombardées? L’intérêt! Et peu après, presque en même temps, il y a eu les lagers en Russie: Staline... Combien de chrétiens ont-ils souffert, ont-ils été tués? Les grandes puissances se partageaient l’Europe comme un gâteau. De nombreuses années ont dû s’écouler avant de parvenir à une « certaine » liberté. Il y a l’hypocrisie de parler de paix et de fabriquer les armes, et même de vendre des armes à celui-ci qui est en guerre avec celui-là, et à celui-là qui est en guerre avec celui-ci ! (2)

Mais il ne faut pas croire que le pape se prive de lancer le même message aux adultes, et ce, dans les endroits les plus stratégiques. Lors de son allocution devant le Congrès des États-Unis l’an dernier, le pape a clairement montré son désaccord avec le commerce des armes:

« Dans cette perspective de dialogue, je voudrais reconnaître les efforts réalisés au cours des derniers mois pour aider à surmonter les différences historiques liées à de déplorables épisodes du passé. C’est mon devoir de bâtir des ponts et d’aider tous les hommes et toutes les femmes, de toutes les manières possibles, à faire de même. Lorsque des pays qui avaient été en désaccord reprennent le chemin du dialogue – un dialogue qui aurait pu avoir été interrompu pour des raisons les plus légitimes – de nouvelles opportunités s’offrent pour tous. Cela a demandé, et demande, courage et hardiesse, qui ne sont pas synonymes d’irresponsabilité. Un bon dirigeant politique est quelqu’un qui, ayant à l’esprit les intérêts de tous, saisit le moment dans un esprit d’ouverture et de pragmatisme. Un bon dirigeant politique choisit toujours d’initier des processus plutôt que d’occuper des espaces (cf. Evangelii gaudium, n. 222-223).

Être au service du dialogue et de la paix signifie aussi être vraiment déterminé à réduire et, sur le long terme, à mettre fin aux nombreux conflits armés dans le monde. Ici, nous devons nous demander: pourquoi des armes meurtrières sont-elles vendues à ceux qui planifient d’infliger des souffrances inqualifiables à des individus et à des sociétés? Malheureusement, la réponse, comme nous le savons, est simple: pour de l’argent; l’argent qui est trempé dans du sang, souvent du sang innocent. Face à ce honteux et coupable silence, il est de notre devoir d’affronter le problème et de mettre fin au commerce des armes. » (3)


(1) Discours du pape François aux enfants et jeunes des écoles italiens, Salle Paul VI, lundi le 11 mai 2015. Pour lire le dialogue en entier le dialogue du pape avec les enfants, veuillez cliquer sur le mot suivant: Français. 

(2) Rencontre du pape François avec les jeunes à Turin, Piazza Vittorio, dimanche le 21 juin 2015. Pour lire le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant:  Francese.

(3) Visite au Congrès des États-Unis d’Amérique, Capitole des Etats-Unis, Washington D.C., jeudi le 24 septembre 2015. Pour lire le texte en entier, veuillez cliquer sur le mot suivant: Français.




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