mardi 22 mars 2016

La " Colline aux Croix " en Lituanie

La « Colline aux Croix » en Lituanie
 

Nous nous apprêtons, dans quelques jours, à célébrer, honorer et baiser la croix de notre Seigneur Jésus Christ. Saint Paul avait tellement bien intégré et fait sien le mystère de la croix, qu’il s’est exclamé un jour:

« Pour moi, non, jamais d’autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ; par elle, le monde est crucifié pour moi, comme moi pour monde. » (Gal 6,14)

 Autre traduction:   

« Pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. » (Gal 6,14)

Malheureusement, ce n’est pas toujours ce que nous expérimentons. Nous nous comportons souvent en ennemis de la croix du Christ. Ici, au Québec, plusieurs personnes ne voient plus la croix comme un signe de fierté. Au contraire, la croix est perçue comme un obstacle à la liberté et au bonheur. De sorte que le reproche de saint Paul dans sa Lettre aux Philippiens, peut souvent s’appliquer à nous:

« Je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant: beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte; ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux. » (Phil 3, 18-20)

Il y a un peuple qui a connu ce que c’était que de ne pas être libres; il s’agit des Lituaniens. Pendant des décennies, ils ont été sous le joug communiste soviétique. Pour eux, c’était la société athée prônée par le régime soviétique qui leur enlevait leurs libertés fondamentales, dont le droit de croire en Dieu le Père, manifesté par son Fils Jésus-Christ. Les Lituaniens ont fait d’une colline située aux environs de la ville de Siauliai, un lieu de contestation du régime communiste et de profession de leur foi. Des milliers de Lituaniens sont venus au fil des ans planter une croix en ce lieu, pour montrer clairement à la Russie, et au monde entier, qu’ils sont fiers d’être catholiques. Voilà où devrait résider la véritable fierté. Les Russes ont détruit à trois reprises ce site religieux, brûlant les croix de bois et détruisant les croix de fer et de bronze.  


« La Lituanie compte parmi les nombreux pays qui sont restés pendant cinq décennies sous la poigne de fer de l’Union soviétique. Il y a, au Nord-Est du pays, un endroit précis qui a particulièrement souffert de la brutalité de l’idéologie soviétique, marquée par l’absolutisme antireligieux.  

Il s’agit d’une simple colline, toute proche de la ville de Siauliai, haut lieu de la nation lituanienne. Au XIVe siècle, alors que la région appartenait à l’Empire russe, la population locale s’était révoltée contre le tsar qui empêchait les familles d’honorer leurs défunts. Le peuple planta alors des croix sur la colline en mémoire de ses morts. 


Rasée trois fois par les soviétiques, toujours reconstruite

En 1960, le KGB décréta la fin de cette pratique. Mais, en avril 1961, les croix sur la colline étaient encore plus nombreuses : à travers elles, les Lituaniens n’honoraient pas seulement la mémoire de leurs défunts, mais aussi celle de leurs concitoyens déportés en Sibérie sur ordre de Staline. Les soviétiques brûlèrent les croix en bois et détruisirent celles en métal et en pierre. Il n’en resta pas une seule intacte. Mais, dès le lendemain, la Colline des Croix renaissait, à nouveau recouverte de croix : la nuit, les chrétiens les replantaient. L’Union soviétique, s’acharnant sur ce symbole, détruira le site par trois fois, mais les catholiques de Lituanie ne renoncèrent pas à témoigner de leur foi, malgré la présence de l’armée rouge.  

Le gouvernement bloqua les accès à la colline et alla jusqu’à lancer de fausses alertes d’épidémies dans la région. Rien n’y fera. Les Lituaniens ne se rendirent pas : chaque fois que les croix étaient détruites ou retirées, ils recommençaient et en dressaient à nouveau sur la colline. En 1979, un prêtre particulièrement courageux organisa une procession de sa paroisse jusqu’à la colline. Le KGB ne put rien faire pour l’en empêcher, comprenant que ce serait même pire. Et, à partir de 1985, les autorités renoncèrent et laissèrent les croix en paix et en place. Lors de l’effondrement de l’Union soviétique, la Colline des Croix comptait plus de 100 000 crucifix et icônes sacrées. 


Un témoignage et un avertissement

Dans les années 1990, un sanctuaire s’éleva sur la colline, qui attira des foules du monde entier. Parmi les pèlerins, et non des moindres, le pape saint Jean Paul II qui, en 1993, déclara : « Après cette visite, la vérité exprimée par le Concile Vatican II nous apparaît plus clairement à nous tous : l’homme ne peut se comprendre profondément sans le Christ et sans sa Croix. La Colline des Croix est un témoignage éloquent de cela et aussi un avertissement. L’éloquence de ce sanctuaire est universelle: c’est une parole écrite dans l’histoire de l’Europe du XXe siècle ». 

La Colline des Croix, qui résista aux pouvoirs tyranniques de ce monde, est encore debout. Il est aujourd’hui impossible de dire combien de millions de croix de toutes tailles il y a sur le site, des centaines s’ajoutant quotidiennement. C’est la raison pour laquelle la Lituanie est parfois appelée « le pays des croix ». (1)

 
Pape Jean-Paul II. Colline des Croix, 7 septembre 1993


    

(1) 

Lituanie : La Colline des Croix qui a défié et fait ... - Aleteia

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