dimanche 12 juillet 2015

" Va, tu seras prophète pour mon peuple "

« Va, tu seras prophète pour mon peuple »
 
La vocation du prophète Amos

Le Seigneur est en train d’enfoncer le clou. On sait très bien ce que veut dire enfoncer un clou: on plante un clou dans un mur et on frappe dessus jusqu’à ce qu’il tienne bien solidement et qu’il ne bouge plus. Le Seigneur fait la même chose en ce moment dans notre paroisse. Depuis plusieurs semaines, je ne cesse de dire à nos paroissiens que nous sommes rendus à cette étape-ci dans notre vie chrétienne: annoncer Jésus le Christ. Annoncer le Christ, c’est exercer le rôle de prophète que nous avons reçu au baptême. Le jour de notre baptême, nous avons revêtu le Christ, nous sommes devenus Jésus pour le monde. Par conséquent, nous sommes prophètes en Jésus le Prophète.

Je suis convaincu que si la foi catholique a tant diminué au Québec depuis des décennies, c’est, entre autres choses, dû au fait que les catholiques n’ont jamais vraiment réalisé qu’ils étaient investis d’une mission prophétique, de part leur baptême. Une fois baptisés, nous sommes prophètes, que nous le voulions ou non, en un sens. Durant notre vie, nous sommes invités à développer toutes les potentialités que Dieu a mises en nous. Ma chère maman a réalisé à soixante-dix ans quelle avait un talent pour la peinture. Une fois qu’elle a su cela, elle l’a exercé.

Les catholiques, au Québec, n’ont pratiquement jamais entendu quelqu’un leur dire qu’ils étaient des prophètes. C’est souvent une nouveauté pour eux de se faire dire qu’ils sont prophètes par leur baptême. Mais peu importe qu’on entende cette bonne nouvelle à vingt ans, à quarante ans ou à soixante ans; ce qui compte, c’est que le jour où on réalise cela, le jour où on prend conscience de l’immense don que Dieu nous a fait, nous le mettions en pratique.

La Parole de Dieu de ce dimanche, nous présente l’admirable figure d’Amos. Amos était un laïc, pour prendre une terminologie d’aujourd’hui. Il n’était pas prêtre. Il était bouvier, c’est-à-dire éleveur de bétail. Or le Seigneur s’est révélé à lui et lui a dit: « Tu seras prophète pour mon peuple Israël. » Amos quitte son pays, le royaume de Juda, pour aller prophétiser dans le royaume du nord: Israël. Son ministère de prophète n’a duré que quelques mois. Et pourtant, son message de prophète sera proclamé dans le monde entier, jusqu’à la fin des temps. Quelle grâce! Quel don! On ne devrait jamais sous-estimer le don que Dieu fait à quelqu’un d’être prophète.

Un jour, Amazias, prêtre de Béthel, en a marre des paroles prophétiques d’Amos et lui ordonne de quitter le pays. C’est la lecture que nous avons entendu proclamer en ce dimanche:

« Puis Amazias dit à Amos: « Toi, le voyant, va-t’en d’ici, fuis au pays de Juda ; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser; car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume. » Amos répondit à Amazias: « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : “Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. »  (Amos, 7,  12-15)

Les mots qu’emploie Amos sont très beaux: « Le Seigneur m’a saisi ». Ce sont les mêmes mots qu’emploie saint Paul quand il parle de la grâce insigne qu’il a reçue en étant choisi comme apôtre. Il nous dit qu’il a été « saisi par le Christ Jésus » (Ph 3, 12) Le verbe « saisir » revêt ici, il me semble, une double signification. Il y a d’abord un élément de surprise, dans le fait d’être « saisi ». On ne s’attend pas à cela. Un peu comme lorsqu’on dit qu’on saisit un « steak ». Nous savons tous, je pense ce que c’est que de « saisir un steak ». On chauffe la poêle au maximum et on y met le steak, la tranche de viande. Si le steak pouvait éprouver des sentiments, il serait surpris et effrayé d’être ainsi traité. Il en est ainsi de l’être humain. Quand le Christ Jésus daigne nous « saisir », nous sommes dans un premier temps surpris et effrayés. La première réaction est de dire "non" en notre cœur, en trouvant toutes sortes d’excuses: « je suis trop jeune »; « je suis trop vieux » « je ne suis pas préparé à cela », etc. Jésus, connaissant d’avance toutes nos excuses, les réfute à chaque fois en disant: « Je suis avec toi » ou « Je serai avec toi ». Si nous croyions vraiment que le Seigneur Jésus est toujours avec nous, nous n’aurions peur de rien.

Le verbe « saisir », quand on l’applique à Dieu ou à Jésus qui nous saisit, a aussi la signification suivante: Dieu (ou Jésus) nous tient solidement dans sa main, et ne nous lâchera jamais. On peut donc compter sur son soutien et sa toute-puissance continuels. C’est ce que Jésus, le bon Pasteur nous affirme solennellement:

« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. » (Jn 10, 27-29)

Nous avons malheureusement presque tous la même fâcheuse réaction devant les appels de Dieu: les conséquences négatives nous sautent immédiatement aux yeux et nous empêchent de considérer les immenses retombées positives. Nous sommes comme ce jeune homme riche que Jésus a invité un jour à le suivre (quelle grâce!), et qui a refusé l’invitation parce qu’il avait de grands biens; parce qu’il était riche. Il n’a même pas pu entrevoir le bonheur qu’il aurait eu à côtoyer Jésus tous les jours, à voir ses miracles, à se délecter de ses enseignements divins. Il est retourné chez lui tout triste, nous dit la Bible (Mt 19, 22). Voilà comment on risque de passer à côté de la joie. Ou encore, nous sommes comme les apôtres lorsque Jésus leur annonce le mystère pascal. Il s’arrêtent à la croix et ne semblent même pas entendre le mot « résurrection » (Mt 17, 23). De même, devant notre mission de prophète, nous entrevoyons immédiatement les quelques difficultés qui pourraient jalonner notre route, et nous n’entrevoyons même pas l’immense joie qu’il y a à annoncer l’Évangile, à parler de Jésus. Si la BONNE NOUVELLE  est vraiment BONNE, elle est bonne pour TOUS et pas seulement pour moi. Il fait bon se l’approprier et il fait bon la PARTAGER.

Au chapitre 10 de saint Luc, nous voyons Jésus qui envoie en mission soixante-douze de ses disciples. Voici comment saint Luc décrit leur retour: « Les soixante-douze envoyés revinrent pleins de joie ». Oui, il y a une grande joie à annoncer l'Évangile.  

Demandons à Dieu d’entendre chaque jour de cette semaine sa Parole nous dire: « Va, tu seras prophète pour mon peuple. »




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire