dimanche 23 décembre 2012

Méditation sur le mystère de Noël


Méditation sur le mystère de Noël
Noël est le mystère de l’amour, le mystère de la Paix proclamée par les anges à tout l’univers. Et pourtant la croix est bel et bien plantée dans la crèche. L’Église ne semble pas vouloir s’attarder longuement à la beauté du petit enfant qui vient de naître. Noël n’est pas un conte de fée pour adoucir nos nuits. Dans une hymne du temps de l’Avent, intitulée « La Paix de Dieu », il est dit ceci :
« La paix de Dieu n’est pas un cri lancé des quatre vents de l’univers,
   la paix c’est Dieu risquant sa vie, Enfant des hommes,  la nuit de Noël. »

Dieu ne s’est pas incarné dans un monde idéal. Il s’est incarné dans notre monde. Et le monde dans lequel nous vivons, le monde dont nous parle saint Jean, est un monde où règnent souvent le mépris, la haine, la violence et la mort. Jésus a dit : « Courage, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16, 33)  Et aussi : « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait. » (Jn 15, 18-19)
Pour bien montrer que la croix est plantée dans la crèche, l’Église a volontairement mis la fête de saint Étienne au lendemain de Noël; saint Étienne, le premier des martyrs, le premier à avoir donné sa vie pour le Christ. Et deux jours plus tard, l’Église célèbre la « fête » des Saints Innocents, ces nombreux enfants à peine nés qu’Hérode, dans sa fureur et sa soif de pouvoir, a fait assassiner dans le but de tuer le Roi des Juifs. Cette façon de faire de la part de l’Église, peut paraître étrange et même morbide. Je juge au contraire, pour ma part, que ce message est très fort et très puissant. Ce petit enfant nu déposé dans une mangeoire d’animaux, va sauver le monde de toutes ses atrocités, de toutes ses calamités. Le nom même de Jésus ne signifie-t-il pas « Dieu sauve »? Mais de quoi, dites-moi, nous sauve-t-il? Quelqu’un a dit un jour : « Petite misère, petit Sauveur, grande misère, grand Sauveur! » Je considère que notre monde a besoin d’un grand Sauveur, vu sa grande misère.
J’ai été frappé ce matin par la deuxième lecture que l’Église nous a présentée, en ce quatrième et dernier dimanche de l’Avent. On nous présentait un extrait de la Lettre aux Hébreux :
« Frères, en entrant dans le monde, le Christ dit, d'après le Psaume : Tu n'as pas voulu de sacrifices ni d'offrandes, mais tu m'as fait un corps. Tu n'as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché alors je t'ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c'est bien de moi que parle l'Écriture. …  Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus a faite de son corps, une fois pour toutes. » (Heb 10, 5-7; 10)
Le sacrifice de Jésus pour le salut du monde, ne pouvait pas être mieux décrit. Comme vous tous, j’en suis sûr, j’ai été touché par la tuerie qui a eu lieu ces jours-ci au Connecticut : douze fillettes et huit garçons ont été tués par un tireur fou. Et ce, à la veille de Noël. Je n’ai pu m’empêcher de penser à la tuerie qui a eu lieu il y a deux mille ans, à l’occasion du premier Noël. L’histoire se répète. Cet après-midi, je me suis rendu à l’église et j’ai syntonisé Radio-Canada. Il y était question du massacre de 1913 au Michigan à la veille de Noël, alors que cinquante-neuf enfants ont péri. Je n’avais jamais entendu parler de cette autre tuerie. C’est grâce à un artiste, un « folk-singer », que la mémoire collective a retenu ce douloureux événement. Après avoir lu l’autobiographie de Mère Bloor, intitulée : « We are many », Woody Guthrie composa la chanson : « 1913 Massacre ». Cette chanson raconte la terrible tragédie qui a eu lieu la veille de Noël, le 24 décembre 1913 à Calumet, au Michigan. Une grève des mineurs de l’endroit avait commencé cinq mois plus tôt. Les mineurs et leurs familles avaient décidé de fêter Noël dans le « Italian Hall ». On croit qu’il y avait plus de cinq cents personnes qui fêtaient Noël à cet endroit ce soir-là. Soudain, quelqu’un cria : « Au feu ! », dans le but de créer la panique. Une dame nommée Annie Clemenc a tout de suite voulu calmer la foule en disant que c’était faux, que c’était une fausse alarme. Mais en vain. La panique eu lieu et les gens ont déboulé l’escalier qui les conduisait du deuxième étage où avait lieu la fête, à la sortie. Bilan : soixante-treize morts, dont cinquante-neuf enfants. Mother Bloor, un témoin oculaire de cette tragédie, aidée de Mme Annie Clemenc, a écrit un chapitre sur le sujet, intitulé : « Le Massacre des Innocents » (« Massacre of the Innocents »).  On croit que la personne qui a crié « Au feu » est une personne amie des dirigeants de la compagnie minière, qui voulait mettre fin à la fête. On croit aussi que le responsable de la tragédie a bloqué la porte d’entrée (et de sortie), pour que les gens ne puissent pas sortir.
Ne dit-on pas: " Plus ça change, plus c'est pareil ? ". L'histoire, malheureusement se répète. Heureux êtes-vous si vous croyez que notre Dieu est venu sauver tout cela! Me vient à l’esprit une des scènes le plus puissantes du cinéma québécois. Dans le film de Denys Arcand, intitulé, Les Invasions barbares, un professeur d’histoire athée (ou à tout le moins incroyant) et épicurien, est sur le point de mourir du cancer. Durant son dernier séjour à l’hôpital, il fait la connaissance de la religieuse qui porte la communion aux malades. Leur relation est cordiale, mais sans plus. Un jour cependant, l’homme d’histoire se met à cracher son venin sur la religion catholique et la croyance en Dieu. Il se met à décrire les millions de morts qui sont dus à la colonisation de l’Amérique du Sud par les Espagnols et les Portugais : « Au XVIe siècle les Espagnols et les Portugais, sans bombes et sans chambres à gaz, ont réussi à faire disparaître cent cinquante millions d'Indiens d'Amérique latine. C'est du beau travail, ça, ma soeur, cent cinquante millions de personnes à la hache ! Vous me direz qu'ils avaient la bénédiction de votre Église, mais c'est quand même du beau travail. À la fin de son plaidoyer anti chrétien, il demande à la religieuse : « Et vous croyez à ce Dieu-là, vous? » La religieuse accueille tout cela avec sérénité et répond tout doucement : « Il faut bien qu’il ait un Dieu pour pardonner tout cela! » Quelle réponse inspirée! Quelle lumière jetée en un instant sur une des pages les plus sombres de l’histoire de l’humanité! À vingt-quatre heures du Noël 2012, chantons de tout notre cœur : « Venez divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver,     Venez divin Messie, sauver nos jours infortunés, venez source de vie, venez, venez et venez. »

Vous trouverez ci-dessous, les paroles de la chanson de Woody Guthrie, suivies de la vidéo où on peut l’entendre chanter. 

1913 Massacre
by Woody Guthrie
 
Take a trip with me in nineteen thirteen
To Calumet, Michigan in the copper country
I'll take you to a place called Italian Hall
And the miners are having their big Christmas ball
 
I'll take you in a door and up a high stairs
Singing and dancing is heard ev'rywhere
I'll let you shake hands with the people you see
And watch the kids dance 'round the big Christmas tree.
 
There's talking and laughing and songs in the air
And the spirit of Christmas is there ev'rywhere
Before you know it you're friends with us all
And you're dancing around and around in the hall
 
You ask about work and you ask about pay
They'll tell you they make less than a dollar a day
Working their copper claims, risking their lives
So it's fun to spend Christmas with children and wives.
 
A little girl sits down by the Christmas tree lights
To play the piano so you gotta keep quiet
To hear all this fun; you would not realize
That the copper boss thug men are milling outside
 
The copper boss thugs stuck their heads in the door
One of them yelled and he screamed, "There's a fire"
A lady she hollered, "There's no such a thing;
Keep on with your party, there's no such a thing."
 
A few people rushed and there's only a few
"It's just the thugs and the scabs fooling you."
A man grabbed his daughter and he carried her down
But the thugs held the door and he could not get out.
 
And then others followed, about a hundred or more
But most everybody remained on the floor
The gun thugs, they laughed at their murderous joke
And the children were smothered on the stairs by the door.
 
Such a terrible sight I never did see
We carried our children back up to their tree
The scabs outside still laughed at their spree
And the children that died there was seventy-three
 
The piano played a slow funeral tune,
And the town was lit up by a cold Christmas moon
The parents, they cried and the men, they moaned,
"See what your greed for money has done?"
 
©1961 (Renewed) by Fall River Music Inc.
All Rights Reserved.
 
Woody Guthrie semble faire erreur; les enfants tués n'étaient pas au nombre de 73, mais de 59. Le total des victimes était de 73. Si vous regardez la vidéo ci-dessous, vous devrez supporter dix secondes de publicité avant d'entendre la chanson.

Woody Guthrie - 1913 Massacre - YouTube

www.youtube.com/watch?v=oz7oguguIZEPartager
Standard YouTube License. Buy "1913 Massacre" on. Google PlayiTunes AmazonMP3eMusic; Artist Woody

3 commentaires:

  1. Qui connaît ou connaissait cette tragédie de 1913!? tout près de 100 ans! Bien peu, je le pense.

    C'est un texte, un écrit, que l'on se doit de partager au plus grand nombre possible, en relation avec la tragédie de 2012, Newton, Connecticut, États-Unis.

    Cette si dramatique et déplorable tuerie nous ramène à l'essentiel..., la violence engendrant toujours la violence... (référons, si je puis me permettre à Gandhi) et Dieu sait qu'elle est bien présente et omniprésente sous plusieurs aspects actuellement sur notre fameuse boule bleue.

    Souhaitons aux familles et ami(e)s des petites victimes et adultes - maintenant des anges puissions-nous le croire! (qu'elles et ils reposent en paix, et veillent sur la Terre des femmes et des hommes...) qu'elles passent au travers de cette tragédie, avec un esprit apaisé tout en acceptant leurs souffrances, combien difficilement acceptables.

    Que ces familles éprouvées puissent vivre les Fêtes de Noël et du Nouvel An dans l'espérance d'un monde meilleur, dans un esprit de réconfort et d'apaisement qui leur est plus que dû, étant donné les circonstances si difficilement acceptables, je me répète, à l'entendement humain.

    Oui, lorsque j'ai été informée de ce drame bien par hasard par un ami qui, lui, connaissait indirectement la jeune femme enseignante tuée (je n'avais pas regardé les informations cette journée-là...), ma pensée est allée tout de suite vers le massacre des Saints Innocents, enfants juifs d'Israël, peu après la naissance de Jésus. Je me suis dit, Mon Dieu, 4000 ans plus tard, on revit encore, et encore une fois, une tuerie d'enfants innocents... quelle désolation! tout ça pour un pouvoir humain bien aléatoire...

    Merci de nous avoir instruit de la tragédie de 1913 qui nous fait voir que de tout temps, les femmes et hommes sont les instruments de leur propre malheur (dû à la faute originelle?), en n'étant pas toujours capable de reconnaître leur faiblesse et travers.

    Voilà pourquoi, je crois, il fallait et faut un Sauveur qui naîtra et renaîtra dans quelques heures...!

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  2. Je veux commenter la partie suivante :
    Jésus a dit : « Courage, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16, 33) Et aussi : « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m’a pris en haine avant vous…. » (Jn 15, 18-19)
    Suivre Jésus, c’est souvent marcher à contre-courant. Mais, comme dit St-Jean (6,68) : À qui irions-nous Seigneur Jésus, tu as les paroles de la vie éternelle? Car Tu es le chemin, la vérité et la vie. Choisir Jésus, c’est lui dire : Je crois et j’ai confiance en toi! C’est lui dire : Je te choisis comme mon Roi et mon Maître et je me livre à toi. Comme le Psaume 40 (39) dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, tu m’as creusé des oreilles pour entendre… Alors, j’ai dit : Voici, je viens. Suivre Jésus, c’est choisir d’obéir à Dieu, plutôt qu’aux hommes.
    J’ai visionné un film de Saint Jean Bosco. Quelques fois, il marchait sur une corde raide pour amuser les jeunes. En marchant, il fixait son regard droit devant. Ni à gauche, ni à droite, ni en bas, pour ne pas perdre l’équilibre et risquer de tomber. Il disait que nous devrions traverser la vie de la même manière, c’est-à-dire, en fixant notre regard sur Dieu.
    Comme dit Frère Bernard dans la revue Feu et Lumière : Rien n’est plus sûr que ta présence… Même si la mort nous effeuille jour après jour. Même si l’épreuve ensanglante nos âmes, Tu es en nous ce tronc silencieux qui nous tient debout… Et nous pouvons, marche après marche, apprendre à vivre de ton propre pas.

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  3. En date d'aujourd'hui 8 janvier, j'ai partagé votre texte sur Facebook, sur ma page. Je crois que ceci doit être absolument vu et lu par le plus grand nombre possible.

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