samedi 7 avril 2012

Les sept paroles de Jésus en croix (troisième parole)

Les sept paroles de Jésus en croix : (suite)
Troisième parole :
« Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » 
Jésus, à la fin de sa vie, nous a fait ses plus beaux et ses plus grands cadeaux : l’eucharistie, mémorial de sa mort et de sa résurrection; le commandement nouveau de l’amour fraternel selon Jésus et comme Jésus l’a vécu (nous ne pouvions recevoir ce commandement que le Jeudi Saint, le jour où Jésus se donna à nous dans l’eucharistie, car il faut absolument que Jésus vienne en nous et vive en nous pour que nous soyons capables d’aimer comme Lui) ; le sacerdoce ministériel (« faites ceci en mémoire de moi ») et, du haut de la croix, le don si précieux de sa douce et tendre mère.
« Femme, voici ton fils ! » Quelle phrase extraordinaire pour nous ! Quelle phrase mystérieuse et douloureuse pour Marie! Pour apprécier la beauté et la grandeur de ces quatre mots, il faut, selon moi, être catholique. En lisant ce que je viens d’écrire, certains pourront peut-être être fâchés et se sentir exclus d’une telle chance ou d’une telle joie. Mais de fait, personne n’est exclu de la possibilité d’être habité par une telle joie. Tout le monde est invité à être illuminé et habité par la foi catholique. Pour comprendre la profondeur de cette phrase de Jésus en croix, il faut savoir que pour les catholiques, Dieu se révèle de deux façons : par la Parole de Dieu : les Saintes Écritures; et par la tradition de l’Église, c’est-à-dire la façon dont le peuple de Dieu, spécialement représenté par le Magistère de l’Église (le pape et les évêques en communion avec lui) comprend les Saintes Écritures. Pour quelqu’un qui croirait que Dieu ne se révèle que par la bible, il serait clair que Jésus n’a donné ou confié sa divine Mère qu’à son disciple bien aimé : l’apôtre Jean. Mais les catholiques ont la chance de savoir, grâce surtout au Magistère de l’Église et à ce que nous ont appris et enseigné les Pères de l’Église, que l’apôtre Jean, symbolisait et représentait chacun et chacune de nous alors que Jésus disait à sa mère: « Femme, voici ton fils ! ». Et en disant quelques secondes plus tard à Jean, le disciple bien aimé : « Voici ta mère ! », il invitait non seulement son apôtre, mais chacun et chacune de nous à prendre Marie chez lui comme étant sa mère : « Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. »  (Jn 19, 26-27)

Quelle grâce nous avons d’avoir Marie pour Mère; cette femme immaculée, courageuse, remplie d’amour et surtout si puissante! C’est le même saint Jean qui nous apprend dans son évangile que c’est la foi et l’intercession de Marie qui a fait faire à Jésus son premier miracle alors qu’il est manifeste que l’heure de Jésus de manifester sa gloire, notamment par les miracles, n’était pas encore venue (Jn 2, 1-11) Oui, quelle grâce nous avons d’avoir Marie pour mère! Le cœur de l’apôtre Jean a dû être inondé de joie en entendant ces mots : « Voici ta mère! » Mais il est bon de nous demander comment a dû se sentir Marie en entendant ces mots : « Femme, voici ton fils! ». Saint Bernard, ce grand amant de la Vierge Marie, jette un regard intéressant sur les sentiments qui ont probablement animé le cœur de Marie en entendant cette parole de Jésus prononcée du haut de la croix. Voici ce qu’a écrit saint Bernard de Clairvaux :

« Pour toi, ce fut plus qu'un glaive que cette parole qui, perçant ton âme, atteignit jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit : Femme, voici ton fils. Quel échange! Jean t'est donné en échange de Jésus, le serviteur en place du Seigneur, le disciple au lieu du Maître ; le fils de Zébédée doit remplacer le Fils de Dieu, un homme rien qu'homme se substituer au vrai Dieu! Comment ces mots, à les entendre prononcer, n'auraient-ils pas transpercé ton âme si aimante, quand nos coeurs de pierre et de fer se fendent en les entendant rapporter.» (St-Bernard, homélie pour le dimanche après l’Assomption)  
C’est un peu, je crois, ce que les Pères de l’Église ont souvent enseigné, à savoir que Marie a enfanté Jésus dans la joie mais nous, ses enfants, dans la douleur. On pourrait croire que la douleur dont les Pères de l’Église parlaient consistait dans le fait que Marie souffrait aux pieds de la croix en voyant son fils mourir devant elle, au moment où elle entendait Jésus s’adresser à elle. Mais, comme nous venons de le voir, saint Bernard va plus loin, en un sens, pour expliquer la douleur de celle qui est devenue pour nous à ce moment précis de l’histoire: notre Mère.  
Permettez-moi de terminer ces considérations en citant notre pape Benoît XVI qui a magnifiquement décrit ce que veut dire pour nous « prendre Marie chez soi » :
« L'Evangile nous dit qu'à partir de ce moment, saint Jean, le fils bien-aimé, accueillit la mère, Marie, "chez lui". C'est ce que dit la traduction française; mais le texte grec est beaucoup plus profond, beaucoup plus riche. Nous pourrions le traduire de la façon suivante: il prit Marie dans l'intimité de sa vie, de son être, "eis tà ìdia", dans la profondeur de son être. Prendre avec soi Marie, signifie l'introduire dans le dynamisme de son existence tout entière - il ne s'agit pas d'une chose extérieure - et dans tout ce qui constitue l'horizon de son apostolat. » (Benoît XVI, audience générale du mercredi 12 août 2009)


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